Vie quotidienne: un village en quête de développement
Le village N’Ath Abdelmoumène relevant de la commune de Tizi N’Tleta, dans la daïra des Ouadhias, au sud de la wilaya de Tizi Ouzou, accuse un manque flagrant en matière de développement.
Les villageois disent que «ici, les années passent, mais le changement ne survient pas, la souffrance que nous endurons au quotidien perdure et personne ne regarde notre sort. Le développement et l’amélioration des conditions de vie ne sont que des termes où un vocabulaire utilisé par nos responsables lors des campagnes électorales».
Ce sont là les propos d’un septuagénaire habitant en plein cœur du village. Le décompte n’en finit pas, les carences sont énormes. C’est à croire que les autorités n’ont presque rien fait ou réalisé depuis l’Indépendance. Même après 50 ans, ce village reste durement pénalisé par le manque de commodités essentielles pour une vie décente. Totalisant une population dépassant les 12 000 habitants, il n’a bénéficié que de trois écoles primaires et de deux collèges, dont deux sont dépourvus de cantines scolaires.
L’état des établissements est peu reluisant et cela se justifie par le manque d’entretien et d’équipements. En effet, ce grand village qui vient de bénéficier d’un projet de raccordement au réseau de gaz de ville ne touchera pas la totalité des quartiers. Les travaux actuellement piétinent et les habitants craignent de vivre sans cette commodité vitale.
«À ce rythme, les travaux risquent de tarder encore une année, qu’on va passer dans le froid. Les quartiers Bouchata, Aït Ouahcene, Nadour et Tigrine et le village d’Aït El-Hadj Ali doivent attendre une année de plus pour avoir enfin cette commodité dans leurs foyers», souligne un habitant de Nadour, qui ajoute : «Même les travaux n’avancent pas comme il se doit puisque, constate-t-on, la cadence des travaux est faible ces derniers temps».
Le réseau routier dans un état déplorable
Le réseau routier de ce village est dans un état avancé de dégradation. De prime abord, les travaux de réalisation de la nouvelle conduite d’eau en PDH, il y a de cela plus de deux années, reliant les deux réservoirs, à savoir celui de Tassouki et Amar Ouahmed, ont détérioré la chaussée. L’entreprise en charge du projet n’a malheureusement pas effectué les travaux de remise en l’état, comme prévu dans le cahier de charges. Encore moins l’APC de Tizi N’Tleta qui devait faire les travaux d’entretien et d’aménagement.
Le village avait, pour rappel, bénéficié il y a déjà plus d’un an de travaux pour l’installation du gaz de ville. Celui-ci a été accueilli avec une grande satisfaction. Les habitants espéraient cependant que les travaux de remise en l’état soient effectués une fois ces travaux achevés. Ce qui n’a malheureusement pas été fait, à leur grand désarroi, exaspérant les automobilistes.
«Les travaux de remise en l’état auraient dû être faits d’emblée par l’entreprise qui a effectué les travaux du réseau d’AEP et, ensuite, l’entreprise de gaz de ville. Les deux entreprises et l’APC n’ont rien fait dans ce sens et la dégradation du réseau routier est constatée à tous les coins de rue», a souligné un membre du comité du village d’Ighil Nath Chila. A l’intérieur des quartiers, le constat est lamentable. Les chemins vicinaux sont parsemés de nids de poule, de crevasses… Et plusieurs passants à défaut d’éclairage public sont tombés dans ces trous béants. Un cri de détresse a été lancé par les villageois. Ils disent : «Il est temps de travailler et en finir avec les promesses non tenues ! Car la campagne est achevée depuis le 29 novembre dernier», a pesté notre interlocuteur.
La masse juvénile livrée à elle-même
Le village N’Ath Abdelmoumène est pourtant connu pour être un pôle par excellence de la pratique sportive depuis la nuit des temps. On se rappelle des talentueux Mourad Taleb, Ammar Khoudja Mouloud, Taleb Mohamed, Yeddou Salem, Serkhane Amar, Zeghoud… et autant d’autres athlètes qui ont inscrit leurs noms en or dans la discipline du karaté do.
Malgré ce potentiel, les autorités locales n’accordent malheureusement aucune importance ces derniers temps au sport. Primo, les clubs sont asphyxiés financièrement. L’actuelle assemblée n’a octroyé aux trois clubs de karaté, judo et football que 17 millions de centimes dans le budget primitif de l’année en cours. Secundo, on note un manque flagrant d’infrastructures destinées à cet effet.
Le club MS N’Ath Abdelmoumène évolue dans le championnat de wilaya depuis 10 ans sans stade. Il reçoit ses adversaires hors de ses bases. Les entraînements s’effectuent aussi dans des stades des communes limitrophes. A Beni Douala, Ouadhias, Beni Aïssi et Mechtras. Mohamed Tale, président du MSA, déplore : «Le club est SDF et les responsables municipaux n’ont pas jugé utile de réaliser un stade dans notre commune. Nous dépensons plus de la moitié de nos moyens dans le transport.» L’aire de jeu de Tizgui, pour lequel tant d’argent a été déboursé dans l’optique d’en faire bénéficier cette masse juvénile, est restée toujours impraticable. Quant aux infrastructures culturelles, elles sont tout simplement inexistantes ! Les deux foyers de jeunes Tassoukit et de Tadert Ouffela sont fermés et aucune association culturelle n’est mise sur rails.
La délinquance, un phénomène qui guette plus d’un
Le manque dans la prise en charge de cette frange de la société a engendré un vide. Comme l’adage l’a si bien dit « l’oisiveté est mère de tous les vices ». Actuellement, la masse juvénile est livrée à elle-même et à la délinquance. Les cambriolages sont monnaie courante. L’insécurité règne en maître. Il ne faut jamais se risquer à sortir la nuit. Les cambrioleurs sévissent partout. Il y a d’ailleurs quelques jours, un gang a essayé de s’introduire dans un foyer où se trouvait un vieux couple. Fort heureusement, les voisins sont venus à leur secours au moment opportun. Les habitants de ce paisible village indiquent que des foyers, et commerces sont souvent sujets à des actes de vandalisme. Les établissements scolaires n’ont pas échappé à la règle. «Le manque de couverture sécuritaire est à l’origine de cette situation qui ne cesse de se dégrader», notera un habitant, qui ajoute que «plusieurs cas de kidnapping ont été perpétrés il y a déjà quelques mois. A présent, les habitants fuient le village pour s’installer vers d’autres endroits plus calmes et cléments».
La santé, ce parent pauvre
Ce village en question abritant plus de 10 000 âmes, ne dispose que d’une seule unité où juste des soins de base y sont assurés. L’éloignement de certains endroits de ce centre pose pour eux un autre problème. Eux, qui préfèrent rallier la polyclinique se trouvant au chef-lieu communal de Souk El-Thenine. Les consultations sont assurées par le personnel de cette unité de soins, mais les patients recourent souvent au privé où les examens radiologiques et les analyses sont disponibles. Les cas d’urgence, les parents sont contraints de se rabattre sur le transport privé à défaut d’une ambulance. «Nous avons besoin d’une autre ambulance qui va alléger les populations de notre village», a souhaité un patient rencontré à la polyclinique de Tizi N’Tleta.
Plusieurs quartiers sans électricité, sans assainissement
En 2013, il y a encore des foyers qui souffrent de l’absence de réseau d’assainissement. Les ménages ont recours à des fausses septiques. C’est le cas des habitants du quartier Djemaâ du côté de Tagoucht qui souffrent des odeurs des eaux usées. Le réseau électrique est des plus défaillants. Des coupures d’électricité sont signalées dans les quartiers Taghoucht, et Aït Graïche. Des centaines d’habitations réparties aux quatre coins du village attendent toujours de bénéficier de l’électricité. A Aït Ouahcene, Louvayar, El-Djama, Vaghla, plusieurs habitations continuent d’être raccordées illicitement. «Nous avons à maintes reprises alerté les responsables de la Sonelgaz, en vain. Ces derniers se contentent de nous dire qu’il faut attendre notre tour… Le projet est inscrit », assurent-ils.
Le téléphone fixe ne sonne plus !
Depuis avril 2010, le téléphone fixe n’a pas sonné. Le réseau a subi un acte de sabotage et n’est plus entretenu. Les câbles par la suite ont été volés. Les habitants de ce village, notamment les jeunes que nous avons abordés, déclarent : «Les services d’Algérie Télécom nous ont promis de faire le nécessaire. Ils ont ordonné à l’APC la réalisation d’une niche qui va abriter les équipements. Les services de l’APC n’ont pas tardé à construire cette niche. Trois ans plus tard, rien n’est encore fait du côté d’Algérie Télécom.» Actuellement, le village est privé de ce moyen de communication. Du coup, les habitants sont privés également de l’Internet, ce moyen universel. Seuls un cybercafé et quelques foyers avoisinant la poste bénéficient de cette commodité. Les habitants lancent un appel solennel à la direction de la télécommunication de Tizi Ouzou pour rétablir le réseau où carrément lancer un projet pour installer la fibre optique. Nous apprenons d’ailleurs auprès de nos interlocuteurs qu’un projet dans ce sens est en cours…
Nabil Graïchi
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