Coutume et tradition:
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Depêche de Kabylie 22 fevrier 2010
Timechret, vieille tradition kabyle ressuscitée
Aït Abdelmoumène, un village en fête
Le calme qui régnait en maître absolu en matinée à Aït Abdelmoumène a été “bouleversé” par les “bruits” des préparatifs de timechret. Tout y est pour faire de cette journée du samedi celle d’un grand moment de retrouvailles entre la grande famille de ce grand village.
Comme pour “pimenter” l’évènement d’un bon “alliage” au naturel, le bon Dieu a “gratifié” la région d’un temps clément, signe de belles journées printanières. La levée du jour s’est faite un peu tôt que d’habitude. Les placettes du village à travers les différents quartiers grouillaient de “volontaires”. Les générations entières se sont donc retrouvées autour d’un idéal, ô combien sacralisé chez nos ancêtres, celui de la solidarité et de l’entraide. Les préparatifs, mais surtout le “passage à l’acte” ont pris l’allure d’une symphonie “portorale” qu’exécutaient admirablement les villageois, qui dans le moindre de leurs gestes, renvoyaient merveilleusement aux principes d’entraide, de sagesse qui constituaient, jadis, les valeurs sociles de la Kabylie. Les “anciens” du village d’Aït Abdelmoumène, les imgharene comme on les appelle ici, disparus, étaient là. On sentait leur présence, du haut de leur “piedestal”, ils ont dû admirer cet élan de cœur, la resurgence de l’existence collective d’un village. Alors que les milliers d’habitants d’Aït Abdelmoumène veillaient au grain, les idylliques monts du Djurdjura renvoyaient justement cette fierté que les Ath Abdelmoumène adaptaient joyeusement. Et dire que ce n’est guère facile d’aborder une telle initiative “collective” dans un contexte où l’utilitalisme prend le dessus sur les valeurs de l’altruisme. C’est indéniablement là l’intérêt de l’offrande ou timechret, organisée par les habitants d’Aït Abdelmoumène en ce sens que cela peut ébaucher une réelle dynamique pouvant déboucher sur une refondation, à la base, des rapports entre villageois. C’est aussi l’illustration parfaite d’un besoin qui se fait “terriblement” sentir, celui de se rencontrer, dans un climat de fraternité.
Quant Aït Abdelmoumène donne l’exemple
Peuplé de quelque 800 âmes, le village Aït Abdelmoumène surplombe admirablement les basses plaines de la commune de Tizi N’tleta, à quelque 10 km du chef-lieu de daïra des Ouahias. Il représente un carrefour menant vers plusieurs localités à l’image de Beni Douala, Mechtras, Souk El Tenine, et bien sûr les Ouadhias, un emplacement stratégique aux avantages indéniables mais aussi aux inconvénients divers. C’est un village qui porte dans ses murs, et autres coins et recoins, l’histoire d’une résistance durant et post-révolution. C’est aussi l’incarnation d’une Kabylie qui ne veut nullement baisser les bras pour laisser libre cours aux “pyromanes”, chargés de mission, celle de la destruction des valeurs humaines et de “l’honneur kabyle”. L’action d’avant-hier représente, au-delà de son aspect purement “local”, un exemple à suivre pour les autres régions afin de puiser du patrimoine ancestral kabyle, des valeurs historiques, culturelles entre autres, à même de leur permettre de sortir la tête de l’eau, dépasser les clivages alimentés par des intérêts mesquins d’une côte de “prédateurs”, et amorcer le processus de réhabilitation, la vraie. Que c’était agréable de voir les jeunes Ahcène, Omar, Madjid, Amirouche et les autres côtoyer da Salem, da Moh dans un souk de communion, une symbiose liant deux générations. Beaucoup, étaient, ceux qui priaient pour ne pas voir les ténèbres de la nuit tombante, venir gâcher un tel moment de retrouvailles et interrompre cette foi collective. Une certitude, les ath Abdelmoumène ont, tous, eu le même sentiment, la même fierté. Ils ont cette fois-ci, le “temps” d’admirer, au milieu d’une pluie fine et d’un froid “clément” leurs journées en espérant que la prochaine ne sera pas dans 20 ans.
Omar Zeghni
Le Journal de Liberté a écrit : «Timechret ressuscitée à Aït Abdelmoumène»
Mardi, 23 Février 2010 02:39 Écrit par O. Ghilès
Oubliée, remise en cause même, ces dernières années, Timechret signe son retour, au grand bonheur de nombreux villageois nostalgiques.
Parmi les plus anciennes traditions en Kabylie, on peut citer Tiwizi (solidarité collective) ou Timechret, dite aussi Lawziâa. Ces dernières années, pour diverses raisons, Timechret a quasiment disparu dans de nombreux villages de la Kabylie profonde.
Pour certains, la première cause est le multipartisme qui, avec les divergences entre les citoyens, a remis en cause cette tradition, alors que pour d'autres, l'avènement du terrorisme et son corollaire l'islamisme, en est une autre. Quels que soient les avis des uns ou des autres, les valeurs ancestrales prendront le dessus, n'en déplaise à ceux qui pensent le contraire.
L'exemple nous est venu ce week-end de la grappe de villages des Aït Abdelmoumène (commune de Tizi-N'Tletta), dans le ârch d'Iwadhiyène, à quelque 35 km au sud de Tizi Ouzou.
La journée de samedi dernier a été une grande fête dans cette région devenue en un court laps de temps un lieu de pèlerinage pour tous les habitants de ces différents villages, qui, depuis des années peut-être, n'y avaient pas mis les pieds. Ils sont venus de partout. Aït Abdelmoumène, à quelque 6 km du chef-lieu communal, a renoué avec cette tradition après plus de 24 ans d’oubli. “On dit que Timechret est suspendue depuis 1984, mais aujourd’hui, c'est vraiment un grand événement ici. On ne croyait pas que cette fête aurait tant d'échos. Regardez ! Quand on veut se réunir, c'est très facile”, nous dira un jeune, qui pour la première fois, découvre ce genre d'action commune. Pour réussir cette fiesta, une quête a été lancée dans tous les villages et hameaux de la localité. Ainsi, l'argent collecté a permis l'achat de 19 bovins.
Au total, une bagatelle de 300 millions de centimes. “Tout le monde a mis la main à la poche. Il ne faut pas négliger l'apport de nos émigrés”, a ajouté un autre interlocuteur. Pour faciliter l'abattage de ces bêtes et gagner du temps, chaque comité de village (ils sont sept) a pris le nombre de bêtes qui lui revient, selon le nombre d'habitants. Car si l'immolation avait lieu dans une seule place, elle aurait pris plusieurs jours.
C'est pour bien la réussir qu’elle a été décentralisée. “Chaque foyer a eu droit à plus d'une livre de viande. L'essentiel n'est pas la quantité, mais c'est surtout ce geste ressuscité qui fait plaisir à tout un chacun. J'espère que cette tradition va être pérennisée. Ici, ce sont les Kabyles qui sont en fête. Timechret n'a pas de couleur politique. Le retour à nos traditions est une condition sine qua non pour éviter à nos villages des dérapages”, a enchaîné cet universitaire. Au total, 7 360 habitants, plus exactement, ont mangé la même viande le même jour. L’initiative prise par ces comités de villages est à mettre au registre d'actions louables qui méritent d'être signalées et qui serviront d'exemple aux autres villages de la Kabylie qui ont mis toutes ces valeurs dans le registre de l'oubli. À Aït Abdelmoumène, Timechret est ressuscitée.
D’autres traditions encore plus honorables attendent leur retour, pour le bien et la cohésion sociale ancestrale.
Avant de quitter tout ce beau monde, des jeunes ont tenu à nous inviter à une autre grande fête quand le gaz naturel arrivera dans ces villages, à l'instar du chef-lieu.
Voir timechret en vidéo (cliquez-ici)
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