KABYLIE
Ce village abrupt, « qui est le mien ».
Ô combien j’aurai aimé avoir ton aisance BREL, pour déclamer en un doux poème, simple, beau et court. Combien même il manquerait de mélodie, qu’importe (la finesse n’étant pas notre fort) ; Combien même il m’en couterait (au prix où est notre misère...) ; Combien même la rigueur escarpée de tes monts et vaux qui, Ô Kabylie, vaillent que vaillent, depuis des lustres incontés, affrontent l’inculture qui nous assiège.
Un village. Un poème...
Que romancer d’une contrée que l’histoire oubli d’inscrire dans ses annales? Que médire d’un moi qui n’ai rien su retenir ? Qui rejeter pour n’avoir osé. Que maudire de n’avoir dû, su, pu soutenir... L’autre. L’être solidaire. L’effort. Je... Nie le sans-souci.
–« WA GVAMAL, D ACU-T-WA..., D ACU-T »? Interrogeait DDA BELKA, le doigt apposé sur le mot en question.
--« Insouciant, celui qui ne se souci de rien », balbutiait timidement interlocuté.
--« D KECV A GVAMAL... D KECV ID-ILHA, articulait minutieusement, non sans élever le ton, DDA BELKA, le paternel.
Un poème. Un village. Un souci...
Non ! Je ne peux. L’indifférence ne peut être poésie.
« Chapeau bas BREL. Chapeau bas... ».
Je me rassure quelques fois en me disant : qu’il est vrai que ton plat pays élevé n’est pas comme mon haut village bas. Qu’il me faudrait, peut être, reprendre la chanson à l’envers mais...nos fils de Novembre ne reviennent pas au Printemps. Il est vrai, qu’il y a ceux qui n’en départissent pas (de Novembre bien sur), ceux qui ne cessent d’être là, et dont nous sommes bien plus que las. «Mais...» (Comme le disait si bien AHMED N ALI MOH, personnage bien particulier parmi tes enfants défunts), mais c’est insuffisant pour faire un poème. Il parait que la poésie est amour. Si cela est vrai, je comprends mieux. Je comprends le pourquoi je n’y arrive pas : à voir toutes les rancunes, griefs, trames et tracas sur lesquels bute ma piètre inspiration. Normal que je n’y arrive pas. Incapable de franchir le mur de la plainte.
Pas comme toi BREL, avec tes grands larges et horizons lointains, tes grands yeux et belles aventures. Tu peux monter sur tes grands chevaux, toi. Facile. Mais moi ! Interdit... Le tabou m’astreint à une liberté à voiles déployées sans réminiscences.
A la dérive, toutes...
C’est que là haut JACK, chez nous, c’est l’âne le maître. Cette bête fut le doyen de ses bâtisseurs et que son mutant-homoïde se veut son ineffable destructeur.
Un village, un poème... Et comment !
Tu vois JACK, même si j’arrivais à faire un poème, ça ne serait que satire. De celles qui n’avancent guère et qui, sans répits, creusent à la quête d’un monde superflu. Un monde déjà caricaturé par FELLAG, version « Grand chameau Australien ». Un sacré poète ce FELLAG, hein JACK. Lui peut rimer à hauteur, à sa manière. Mais... Pfft, parti. Il n’est plus là, comme beaucoup d’autres de sa trempe. Presque tous à voir notre mièvre vie culturelle. Enfin...Il nous reste ceux dont on ne veut pas encore (émigration sélectionnée oblige). Ils sont bien là, oui, oui. Toujours à attendre d’un pied lest, leurs tours d’évasions vers une destination inconnue, une plage salvatrice, un plat pays, un port d’AMSTERDAM pourquoi pas. N’importe où, à la limite...Allez ! Va.
Pauv'e p'tit village
N'te reste que rimaille
Us et valeurs en hommage
Des festins sans ripaille.
--« Hypocrite... MOI ! »
J’en étais sûr. Je me doutais de cet index. D’ailleurs, je ne pouvais me tromper. Cette négative caractéristique s’interpose sans commune mesure et nous éloigne tacitement. Emmitouflé dans l’apparat du gain, lové dans le giron de l’opportunisme, à l’abri derrière l’indifférence, ce défaut est si chéri, que prouver son intérêt, lucratif, n’est point nécessaire. N’est ce pas dame Médiocrité.
Oui petit village, c’est à cela que nous en sommes arrivés. Bien triste, n’est ce pas vestiges mélancoliques. Peut être que complaintes et litanies pourraient alléger ta peine, mais... ma tenace nostalgie ne saurait souffrir qu’aucune romance ne puisse recouvrir tes charmes d’antan. Ma blessure, à moi, ne cesse de suppurer à l’écoute de poèmes supputant ton verbe noble et précis.
Je te quitte petit village, de la pointe de ma plume, seulement car, avertie par celle d’EDMOND HARAUCOURT « partir, c’est mourir un peu... », Alors, je reste ! D’autant que trépasser ne me dit pas trop. Je reste et ose espérer que tu sauras faire entendre à tous cette maxime, afin qu’ils comprennent que : vivre ensemble c’est d’abord prendre soins de toi, nous tous : Enfants claudiquant de Novembre prometteur, jeunesses brimées des Printemps novateurs, gavroches d’Octobre spolié et tous les zazous des noirs mouvements avortés. Enfant de tout village...A moi. MOH ZEGHOUD.
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