CULTURE:
AMMARKHODJA M’HAMED
LE CHANTEUR DE LA « NOSTALGIE TEINTÉE D’AMERTUME »
Aux auteurs qui nous assènent des messages, il oppose la race des baladins qui nous fredonnent des confidences. Aux mémorialistes qui raclent le fond de leur mémoire, il préfère la suggestion des émotions passées… Avec son fameux visage d’un Algérien aguerri, avec ce génie très particulier qu’il a de faire renaître certaines traditions du bercail si nonchalantes que l’on ne trouve qu’une envie de les reprendre et se laisser entraîner dans des histoires drôles et sensuelles qu’il fait naître d’une voix aussi vivace que le teint de sa fierté de berbère façonné. M’hamed Ammarkhodja, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a, sans nul doute, bien négocié son répertoire qu’il vient de reprendre après trois décennies bréhaignes. Sur son dernier album, paru la semaine dernière, l’auteur de « Attaq ighelken (Ô fenêtre fermée », « Alemri (Ô miroir)…, chantées durant les années 1980, a troqué ses projets pour d’autres de création et de studio. Le voilà maintenant de retour sur scène avec sa fidèle mandole, sa complice de plus d’une quarantaine d’années. Formé à la dure école de la rue, Mhamed se reconnaît en lui-même tant ses chansons et son fameux sourire continuent de nous enchanter encore aujourd’hui. Il présente un mélange des plus belles chansons de légende en réunissant sur une même scène Mokrane Agawa, Amour Abdenour, Djidji…. Tout en apportant sa touche personnelle, il respecte les auteurs de ces chansons immortelles et indémodables et apporte une âme à chacune de ses prestations. Dans son dernier album, il met en mots une mélancolie tendre qui lui est propre, une nostalgie teintée d'amertume, mais de cette amertume que les années ont adoucie sans pour autant effacer. Ode à l'enfance, cette "façon de chanter" raconte les épisodes restés marquants des jeunes années de l'auteur. On se laisse dandiner avec plaisirs. Contrairement à tant d'autres, Mhamed Ammarkhodja ne semble pas chercher à s'en débarrasser: l'enfance demeure à jamais, socle indéboulonnable, et, si elle ne prête à rire, est-il meilleur moyen de la magnifier que de la chanter? Cependant, il revient avec cet album consacré à la nostalgie de son village natal, Ait-Abdelmoumen, « Ellah ellah idheflawen », le malaise qui s’empare de la jeunesse et l’émigration clandestine, un panégyrique à sa défunte mère « Edaâouyi selkhir », sa mandole inépuisable, celles des temps passés… Enfin, « l’honnêteté, la sincérité, la simplicité, l’humilité, la générosité, l’absence de vanité, la capacité de servir les autres, sont les véritables fondations de notre vie spirituelle », nous dira, pour reprendre l’expression de feu Nelson Mandela, Ammarkhodja qui nous promet d’autres albums dans un proche avenir.
Article de : Remane Salem
Paru dans Liberté le 30 juin 2014
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